FLG: Poussin Mensuel - presse central
Spirou l'avait rêvé, FLG BD l'a fait: Poussin Mensuel ( le cyber-journal qui parle de Frank Le Gall ) est né! Ici, nous allons essayer de faire figurer les références de presse les plus pertinentes concernant la carrière de Frank Le Gall, diverses interviews, et aussi quelques apparitions surprises des personnages de FLG dans les journaux.
Quand Frank Le Gall s'offre un Café Noir...
Retour sur les Golden Eighties avec un magazine ambitieux, le trimestriel "Café Noir" qui sort en novembre 1987 - voici plus d'un quart de siècle ! - alors que Théodore Poussin, qui a les honneurs de la couverture de ce n° 1, n'en est qu'à sa troisième expédition vers le grand large et que Yoyo, déjà, songe à partir en préretraite.
Le jeune et talentueux Frank Le Gall réfléchit déjà beaucoup sur la pratique de son art, et a des idées très affirmées et très personnelles sur la bande dessinée, la littérature d'aventures, le théâtre et le cinéma. Notons que les projets de " livres pour enfants à paraître chez Hachette " mentionnés en fin d'article se concrétiseront par un seul roman pour la jeunesse, " Dick ", qui ne sortira en fin de compte pas chez Hachette mais chez Alien.
A l'époque, on le verra, notre dessinateur émérite illustre également un livre pour enfants du grand Samuel Fuller.
Huit pages de flash-back au travers d'une interview savoureuse qui prend tout son sel avec le recul du temps, durant ce que nous appellerons la "période belge" de FLG.
Mais lisons plutôt....
Le jeune et talentueux Frank Le Gall réfléchit déjà beaucoup sur la pratique de son art, et a des idées très affirmées et très personnelles sur la bande dessinée, la littérature d'aventures, le théâtre et le cinéma. Notons que les projets de " livres pour enfants à paraître chez Hachette " mentionnés en fin d'article se concrétiseront par un seul roman pour la jeunesse, " Dick ", qui ne sortira en fin de compte pas chez Hachette mais chez Alien.
A l'époque, on le verra, notre dessinateur émérite illustre également un livre pour enfants du grand Samuel Fuller.
Huit pages de flash-back au travers d'une interview savoureuse qui prend tout son sel avec le recul du temps, durant ce que nous appellerons la "période belge" de FLG.
Mais lisons plutôt....
Enfin, ce numéro 1 de "Café Noir" comporte une histoire courte en bd, "Nathan Logelheim", brève rencontre de l'univers du Rouennais Eric Héliot et de celui de Frank Le Gall, entre conte cruel, mystère et machination, qui ravira les amateurs d'ambiances noires.
Un récit qui se trouve être contemporain des aventures de Théodore Poussin, et qui commence, déjà, en novembre...
Un récit qui se trouve être contemporain des aventures de Théodore Poussin, et qui commence, déjà, en novembre...
Plume & Colle
En novembre 1989, pour le n°4 du magazine bimestriel Plume & Colle, FLG dessine sur scénario de Martin Matje ( alias Thierry Martin, auteur jeunesse et directeur artistique chez Bayard ) un gag en une planche sur le thème de l'Europe intitulé " 36 chandelles pour 12 étoiles " ( merci à l'érudit Nick Tyler! ).
PLG
Retour sur les années 90 avec cet entretien copieux, accordé en mai 1993 au fanzine PLG ( anciennement P.L.G.P.P.U.R. ) n°29 et sorti à l'automne de cette même année, l'année de parution de " La Vallée des Roses "...
Cliquer sur le lien ci-dessous ou sur la vignette de couverture pour visiter le site de PLG.
( Merci à Julien ).
Cliquer sur le lien ci-dessous ou sur la vignette de couverture pour visiter le site de PLG.
( Merci à Julien ).
Poussin Mensuel : le pourquoi du comment...
Une " récap " de la genèse de " Poussin Mensuel " tel que l'avait imaginé Frank Le Gall pour les besoins d'une animation dans un " Spirou " spécial poisson d'avril en 1998, et que nous avons repris pour le titre de cette rubrique:
FLG dans La Lettre de Dargaud
FLG répond avec verve aux critiques de bande dessinée, au sujet du malentendu entourant la sortie du tome premier des " Petits Contes Noirs " dans la Lettre de Dargaud n°54 de juillet-août 2000.
Spirou n°3241: Est-ce que Théodore Poussin fouille dans les poubelles, lui?
En l'an 2000, un gag atypique en une planche mettant en scène l'imperturbable Théodore Poussin, en couleurs directes à l'aquarelle, dans une courte aventure qui parvient à cumuler, en une seule page, les références ironiques aux " Zorilles ", à l'auteur et illustratrice pour enfants Béatrix Potter ( la série de livres jeunesse " Peter Rabbit " alias " Pierre Lapin ", en case 10), et au classique " Le Crabe aux pinces d'or "...
FLG dans BoDoi
Attaquons sans plus attendre avec la reproduction d'une passionnante interview accordée au défunt magazine papier " BoDoï ", dans son numéro 34 en octobre 2000...
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Spirou n°3231: Hommage à Will
Toujours en l'an 2000, FLG rend hommage au dessinateur Will en représentant ses personnages fétiches en couverture du Spirou n°3231.
Spirou n°3436: " le Boss "
En 2004, une participation clin d'œil de FLG à la série " Le Boss " animée dans " Spirou " par Zidrou et Bercovici.
Bandes Dessinées Magazine et FLG
Nouvelle entrevue avec FLG dans le BD Mag n°6 d'avril-mai 2005 lors de la sortie du 12ème album de sa série majeure Théodore Poussin: " Les Jalousies ".
Spirou n°3731: Le Gall rit des Illustres
En 2009, dans le numéro 3731 du journal de " Spirou ", c'est au tour de FLG de se plier à l'exercice de style dit de " La Galerie des Illustres ": une rubrique qui consiste, pour des auteurs prestigieux de tous horizons, à partager des souvenirs de lectures du journal, et qui deviendra, pour l'occasion, personnalisée sous le titre " Le Gall rit des Illustres "...
Spirou n°3746: hommage des Kerascoet
Une double-page de jeux dans le n°3746 de Spirou en janvier 2010 par les Kerascoet est l'occasion de retrouver parmi les héros du journal un " Théodore Poussin " bien emmitouflé, qui se balade dans le royaume des créateurs de " Beauté ", sous une autre plume pour une fois que celle de FLG... Le repérerez-vous dans cette scène de foule animée?
Spirou n°3778: Hommage à Geerts
En septembre 2010 dans le numéro 3778 de Spirou, FLG rend hommage à Geerts...
Le Journal des Amis de Freddy n°3
En décembre 2011, le " Journal des Amis de Freddy ", réalisé par l'association rassemblée autour de l'œuvre d'Yves Chaland, publie une interview de Frank Le Gall recueillie en janvier 2009 par Nick Tyler.
Reproduction de cet entretien avec leur aimable autorisation à tous deux, ainsi que celle de Geert, Président à vie du Club des Amis de Freddy.
Reproduction de cet entretien avec leur aimable autorisation à tous deux, ainsi que celle de Geert, Président à vie du Club des Amis de Freddy.
Merci à Nick Tyler et au Club des A.d.F.
Le Blog des Amis de Freddy: http://lesamisdefreddy.blogspot.fr/
Le Blog des Amis de Freddy: http://lesamisdefreddy.blogspot.fr/
Spirou n°3749: " L'Affaire Lucky Luke "
En février 2012 Frank Le Gall met ses talents de Sherlock Holmes à l'épreuve pour s'attaquer, dans le numéro 3749 de la revue du petit groom, à un mystère caché au sein d'une série bien connue des lecteurs de Spirou: " Lucky Luke ". Cette enquête à la sauce FLG ne manquera pas de faire réagir les lecteurs.
A noter qu'il s'était déjà intéressé à cette série mythique le temps d'un gag dans l'album collectif parodique " Rocky Luke " ( voir plus de détails à la rubrique " Les collectifs " ).
Voici donc pour le 1ère fois réunis, le texte de Frank Le Gall, la page de Morris qui est le point de départ de son enquête, et la réponse quelques semaines après dans la rubrique du courrier des lecteurs " Pas tous à la fois " de Spirou n°3756.
A noter qu'il s'était déjà intéressé à cette série mythique le temps d'un gag dans l'album collectif parodique " Rocky Luke " ( voir plus de détails à la rubrique " Les collectifs " ).
Voici donc pour le 1ère fois réunis, le texte de Frank Le Gall, la page de Morris qui est le point de départ de son enquête, et la réponse quelques semaines après dans la rubrique du courrier des lecteurs " Pas tous à la fois " de Spirou n°3756.
L'Indispensable Frank Le Gall
Paru en janvier 2013 le n°2 du magazine " L'Indispensable " consacre à Théodore Poussin sa Une, dans la foulée de la sortie du Tome 3 de l'édition " Intégrale ", et à FLG, une riche et passionnante interview-introspection. Une véritable plongée en apnée dans les coulisses de la création. Une remontée aux sources littéraires de l'inspiration. Par-dessus tout, une grande claque à ceux qui s'imagineraient encore que les petits miquets, " ça n'est que pour les enfants "...
Spirou n°3937: Raoul Cauvin, Légende et Réalité
Bercovici et FLG saluent la carrière du scénariste Raoul Cauvin à l'occasion de son anniversaire...
Kaboom n°7
Dans le numéro 7 du magazine de bandes dessinées Kaboom ( Nov 2014-Jan 2015 ), à ne pas manquer: une interview inédite de Frank Le Gall...
Interview exclusive de Frank Le Gall pour FLG BD
1/A tes débuts, à l'époque de Pistil, la revue des jeunes et de la nature, et de " Pouce de Plein-Vent ", on sent une forte influence de styles graphiques issus de la littérature jeunesse des USA ( Dr Seuss, Mad… ). Cette culture anglo-saxonne est rare parmi les dessinateurs français, comment l'as-tu découverte?
FRANK LE GALL: je ne devais pas être un gamin bien ordinaire : à l'âge où j'aurais dû lire spirou, pif ou tintin, je leur préférais ACTUEL, où j'ai découvert robert crumb et gilbert shelton, ou ZINC, une revue underground où publiaient nicoulaud, masse, soulas ou poussin (aucun rapport, non). puis j'ai rencontré olivier vatine au lycée, et lui m'a initié au reste de la bande dessinée américaine, neal adams, frazetta... j'avais de toute façon, étant enfant, une fascination pour l'amérique et, sans le savoir, j'en étais nourri, puisque tous mes livres d'enfant étaient des petits livres d'or, des republications des little golden books. là, mon goût s'est formé en regardant les images de richard scarry, garth williams et d'autres moins célèbres, illustrateurs que j'aime toujours autant, au grand désespoir d'eve [Tharlet, sa compagne ], qui, en tant qu'illustratrice, considère que je me borne à des choses américaines antédiluviennes, dépassées...
2/A la sortie des " Petits contes noirs " tu cites les influences de Caran d'Ache, Arthur Rackham ou George Herriman. Une grande partie des lecteurs ( et même des auteurs contemporains! ) ne connaissent de Caran d'Ache qu'une marque de cahiers écoliers. Comment as-tu acquis cette culture graphique d'un autre siècle?
FLG: je crois qu'il suffit d'ouvrir l'œil, et le bon. autant que je m'en souvienne, j'ai trouvé le livre de caran d'ache qui m'a inspiré, publié aux éditions de l'agora, dans une solderie ! on trouve d'ailleurs beaucoup de choses passionnantes, dans ces boutiques on on tente de se débarrasse de ces rebuts de la culture à bas prix. c'est là aussi que j'ai fait la découverte de l'affichiste jacno, de tomi ungerer en dehors de ses livres pour enfants, du peintre français james tissot ou, en musique, de l'orchestre des dorsey brothers, et du coup tout un style de musique qui n'allait plus jamais me lâcher. pour rackham, c'était simple, il était publié au chêne, dans la même collection que frazetta. quant à herriman, il existait dans les années 70 d'excellentes revues de bandes dessinées qui publiaient de vieilles bandes américaines, encore, comme krazy kat ou alley oop.
3/Quelles autres œuvres ont marqué ton imagination, quand tu étais enfant ou adolescent?
FLG: à part les fameux petits livres d'or, je dévorais les romans d'alice détective dans la bibliothèque verte. je lui voue toujours la même admiration, même si j'ai appris depuis qu'elle s'appelle en réalité nancy drew, et non alice roy, que son auteur ne s'appelait pas caroline quine, mais carolyn keene, laquelle n'était autre qu'un consortium d'auteurs, pour la plupart mâles, des années 30. Les illustrations françaises d'albert chazelle avaient fait de la nancy gamine des années 30 et 40 une pimpante jeune femme des années 60. c'est à cause d'elle que ma fille s'appelle alice. et c'est devenu une blague entre nous : quand j'ai appris qu'alice roy s'appelait nancy, j'ai appris à ma fille, l'air contrit et navré, que je devrais désormais l'appeler nancy. inutile de préciser qu'elle ne goûtait pas plus que ça le prénom nancy. et, de temps en temps, quand je veux la faire enrager, je l'appelle nancy.
en dehors d'alice détective, je lisais à peu près tout ce qui me tombait sous la main. j'ai été marqué par "l'île au trésor", évidemment. plus tard, adolescent, j'ai adoré jack london (pas ses romans d'aventure pour enfants ; les autres), john steinbeck, hemingway...
4/Quand tu avais l'âge de Théodore dans " La Vallée des Roses " que rêvais-tu de devenir plus tard?
FLG: l'auteur de " la vallée des roses "... non, plus sérieusement, je voulais devenir auteur de bandes dessinées. l'idée s'est imposée à moi tandis que je lisais " vol 714 pour sidney ", fraîchement paru.
plus tard, au collège, un orientateur, en étudiant ma demande, m'a proposé un CAP d'imprimeur. j'étais vexé, humilié, et je me sentais si incompris que, les années suivantes, j'ai indiqué " conducteur de locomotives " sous la rubrique " quel métier voudriez-vous exercer ? ". aucun professeur ne me prenait au sérieux, bien sûr, tous savaient que je ne rêvais que d'écrire et de dessiner.
5/Ton père était architecte, as-tu envisagé à un moment de suivre ses traces?
FLG: jamais. mais j'ai fait un essai d'une journée dans son cabinet, à seize ans. l'idée était de m'enlever de ce lycée où je fichais pas mal le bazar. la journée d'essai a été assez peu concluante pour que mon père abandonne l'idée et me laisse retourner au lycée retrouver les filles. c'était, à mon sens, le seul intérêt du lycée, les filles.
6/Es-tu encore aujourd'hui lecteur de BD? Ou bien est-ce devenu décevant, depuis que tu sais comment la création d'un album fonctionne " de l'intérieur "? ( et si tu en lis, que préfères-tu? Classiques ou albums actuels? ).
FLG: non, évidemment, je ne suis plus un lecteur de bandes dessinées, pas tant parce que je connais la création de l'intérieur que parce que je ne trouve pas mon compte dans le travail des autres. c'est idiot à dire, et ça paraîtra sûrement prétentieux, mais théodore poussin est la seule bande dessinée qui s'approche de mon idéal. mais je lis des bandes dessinées, essentiellement de vieilles bandes américaines. je suis plongé depuis deux ans dans l'intégrale de little orphan annie, une œuvre majestueuse et brillante. je ne vois pas, dans la production actuelle, ce qui pourrait se targuer de rivaliser avec cette œuvre d'un autre temps. un peu comme si on cherchait un équivalent à charles chaplin. harold gray, l'auteur d'annie, était un grand admirateur de dickens, tout comme moi, et était convaincu d'avoir une mission, celle d'instruire et de donner à ses lecteurs des valeurs morales — pas franchement socialistes, à l'inverse de dickens, mais d'un bon sens très américain, hérité de l'esprit des pionniers. une philosophie du genre "aide-toi, le ciel t'aidera". et graphiquement, je suis en perpétuelle admiration devant son travail. cet homme abattait un strip noir et blanc très travaillé tous les jours, et une page en couleurs tous les dimanches. et il a fait ça pendant plus de quarante ans ! je devrais en prendre de la graine, non ? on retrouve aussi dans son dessin quantité de choses qui, selon moi, ont influencé robert crumb.
7/Es-tu lecteur de comics ou de manga?
FLG: manga, pas du tout. j'ai essayé de lire ceux de mes enfants, mais ça m'est tombé des mains, désolé. quant aux comics, j'ai acheté en leur temps quelques numéros de strange ou marvel pour des gens comme jack kirby. mais les scénarios m'ont toujours paru très hamburgers, vite mâchés, vite digérés, et vite, euh, expédiés.
8/Tes albums - plus particulièrement les plus récents - ont souvent une qualité cinématographique. Regardes-tu des films d'animation? ( Lesquels? )
FLG: j'ai une passion véritable pour walt disney, l'homme et son œuvre. l'homme est très mal connu et est encore victime aujourd'hui d'une solide sale réputation, quand on ne le confond pas carrément avec les money makers qui dirigent la maison disney aujourd'hui. c'était un visionnaire, un type imaginatif, brillant et audacieux. à part lui, je regarde et j'aime beaucoup de choses, chez pixar, chez dreamworks... je tiens "dragons" pour un chef-d'œuvre.
mais je suis cinéphile tout court. demandez un peu à eve, c'est elle la bricoleuse, ici, et c'est elle qui doit sans cesse bâtir de nouvelles étagères et trouver d'ingénieuses idées de rangement (ne comptez pas sur moi) pour ranger tous les DVDs que j'achète. je ne vais pas au cinéma, parce que les mangeurs de popcorn, les complexes multi-salles, le son dolby à fond dans les esgourdes, l'obligation d'en passer par des productions gaumont et universal, tout ça m'a dégoûté des salles obscures. un vrai bon film tient très bien la route sur un simple écran de télé, sans le son surround, de la même façon que mozart, même sur un teppaz, reste mozart.
mais il me serait impossible de dire ici quels sont mes goûts, tant ils vont de tout à tout, d'orson welles et fritz lang à jerry lewis en passant par woody allen, bergman, les marx bros, rené clair, jean renoir, aussi bien que nolan ou spielberg. j'aime beaucoup les films de peter jackson avant le seigneur des anneaux (je suis insensible à tolkien et aux histoires d'elfes, de trolls et autres guerriers aux noms à coucher dehors). je suis très amateur de films d'horreur, aussi.
le cinéma a bien entendu considérablement influencé ma façon de découper les scènes et de les dessiner. mais le théâtre aussi, dans mes dialogues...
9/Aimerais-tu voir un jour tes personnages prendre vie en animation? En film réaliste? En jeux vidéos? Si oui lesquels en priorité et pourquoi?
FLG: qui n'en rêverait pas ? j'ai toujours imaginé théodore poussin en prises de vues réelles (avec robert de niro dans le rôle titre) (mais non)... chez dupuis, le réalisateur-maison suggérait tous les ans de faire un "spécial", un film d'animation de 50 minutes, de théodore, mais l'idée n'a jamais été retenue. dommage.
ensuite, en jeu vidéo, euh... ou alors comme les sims, ce serait amusant de voir théodore en slip draguer sa voisine. non, à la réflexion, je ne crois pas que j'aimerais ça.
le pourquoi du film réel, plutôt qu'un dessin animé, c'est qu'il m'a toujours paru que théodore était une série adulte dans son propos, et le voir en chair et en os, dans de vrais paysages, me toucherait plus qu'une imitation plus ou moins bonne de mes dessins pour la télévision, le dessin animé, actuellement, étant ce qu'il est.
10/Si tu n'étais pas Frank Le Gall, qui aurais-tu aimé être?
FLG: haha ! je crois que woody allen avait répondu "n'importe qui d'autre"... en fait, je ne me suis jamais posé la question, tant l'idée de ne plus être moi m'effraie, même si c'est pour être quelqu'un de plus affûté que je ne le suis... ça doit paraître monstrueusement prétentieux, ça aussi, mais je suis bien content d'être moi. disons que j'y suis bien habitué, et ça me fera sûrement quelque chose quand je devrai me quitter un jour.
quand j'étais bien jeune, cependant, je dois admettre que j'aurais aimé être un beatle. mais je me dis aujourd'hui, d'une certaine manière, j'en suis devenu un. sans eux, je ne serais sûrement pas devenu l'homme que je suis.
j'admire sincèrement, profondément, gandhi, j'admire disney, chaplin, picasso, maccartney, monet, mais aurais-je voulu vivre leur vie ? je ne crois pas. et encore moins celles de cocteau, de zweig, de debussy ou de cézanne, par exemple, dont j'admire les œuvres.
mais je peux plus facilement citer LA personne que je n'aurais pas aimé être : le père d'adolf hitler.
11/As-tu la foi? Pratiques-tu/as-tu pratiqué une religion? Est-ce une influence dans ta vie et ton travail?
FLG: non, je n'ai pas la foi, étant donné que j'ai été élevé dans le catholicisme (école de frères, catéchisme, communion...), qui reste le meilleur vaccin connu à ce jour contre la foi. je ne suis guère mystique, mais je suis sensible à la spiritualité, qui ne me semble pas incompatible avec l'absence de foi. étant jeune, quand j'ai découvert gandhi, et à l'imitation de george harrison et des autres beatles, je me suis beaucoup intéressé à la pensée indienne. je lisais la bhagavad gita, j'essayais de méditer... il m'en reste le goût des philosophies indiennes et la musique. aujourd'hui, je reste touché par les œuvres de caractère spirituel, comme celles que poulenc ou stravinsky ont pu écrire sur le tard, pour stravinsky, et en cours de route, pour poulenc.
même maccartney a composé une œuvre extrêmement touchante et profonde, ecce cor meum, qu'il a achevée après la mort de sa femme. je crois que de tels passages de sa vie peuvent amener un être humain à porter plus haut ses pensées ; peuvent et doivent, à mon avis.
c'est une influence dans ma vie, évidemment, dans la mesure où je déteste tout ce qui est sordidement matérialiste et terre-à-terre. et je suppose que ça peut transparaître dans mon travail, même si je ne l'insuffle pas volontairement. à vous de me le dire...
12/Ton roman graphique Miss Annie évoque la réincarnation. Sous quelle forme aimerais-tu revenir dans une prochaine vie si tu avais le choix?
FLG: sous la forme d'un être humain, pour réessayer et mieux faire — ça reste le principe indien des avatars. je comprends mal qu'on veuille revenir sous la forme d'un wombat ou d'un escargot de mer. et puis, il me semble que l'expérience de la vie humaine est la chose la plus extraordinaire qui soit.
13/Le voyage, qu'il soit réel ou intérieur est très présent dans ton œuvre. Avais-tu déjà beaucoup voyagé quand tu as créé Théodore Poussin? Et depuis?
FLG: je voyageais très peu, étant jeune. j'ai passé ma jeunesse à dessiner et écrire. mais le côté auteur fait que la moindre excursion à honfleur peut se transformer en épopée, quand elle rejaillit sous la plume. plus tard, j'aurais pu voyager pour de bon, mais ma longue vie d'homme penché, pour reprendre encore l'expression de morris, m'a rendu phobique, peu enclin aux déplacements, et à peu près malade dans tous les moyens de transport. mais je vous rassure : une fois que j'ai surmonté tout ça, je suis toujours très heureux d'être ailleurs, de découvrir des visages et des paysages inconnus de moi. ces denrières années, grâce à eve, j'ai pu voir new york, berlin, vienne, revoir londres... j'aime surtout les villes, en fait. pour ma défense, il faut penser, comme moi, que j'ai transmis tous les gènes du voyageur à mon fils robin, lequel a vécu à londres, à berlin, et voyagé un peu partout, jusqu'au fin fond de la norvège, là où il n'y a plus qu'une habitation tous les trois cents kilomètres, en exagérant un peu. personnellement, cette idée seule me fait peur. et je ne pourrais pas plus aller dans le désert ou en montagne que sur la lune — partout où ne peut plus écouter les beatles et lire little orphan annie, en fait.
14/On a beaucoup dit que Théodore, c'est toi, néanmoins, Théodore est plutôt un personnage contemplatif, un observateur, alors quel point commun entre sa personnalité et la tienne dans la mesure où tu es toi si créatif, si " acteur " et non spectateur, dans tant de disciplines?
FLG: oui, les gens qui me rencontrent jugent assez rapidement que je ressemble à théodore. je ne sais pas si c'est le cas pour mes intimes, qui doivent (je l'espère) me séparer nettement de mon personnage. je pense que nous avons en commun cette distanciation vis-à-vis des tourbillons de la vie, véhiculée par un humour qui n'est pas du tout la politesse du désespoir, mais l'expression d'une pudeur extrême.
hmm, j'ai aussi des lunettes rondes. mais j'ai davantage de cheveux que lui, et je vieillis aussi plus vite que lui.
15/Pourquoi les femmes dans la vie de Théodore Poussin sont-elles si fantasques, secrètes voire dissimulatrices? Vois-tu vraiment toutes les femmes comme ça?
Ou est-ce la nature crédule de Théodore qui les attire?
FLG: ouille. la voilà, la question piège ! euh... non, je ne vois pas toutes les femmes comme ça. "seulement celles que j'ai connues", ajouteraient peut-être woody allen ou groucho marx. tout ça est assez compliqué. il y a d'une part le travail de l'auteur, les impératifs romanesques qui nous poussent à la caricature. j'en appelle sans honte aucune à sacha guitry, qui n'était pas misogyne, dans la vie, comme tant d'auteurs. la misogynie a toujours été un "truc" d'auteur, un passage obligé. je pense à brassens, par exemple. cela dit, il m'est difficile d'exposer au grand jour ma vie personnelle, mon intimité. disons rapidement que la dissimulation et le mensonge sont deux choses qui me font horreur et que, pour mon malheur, j'ai été amené à croiser des femmes nanties de ces défauts-là...
théodore, pas plus que moi, n'est crédule. j'ai bien peur que, toujours comme moi, il soit juste romantique.
16/Après une nuit passée à échanger aveux et serments avec Chouchou ( La Terrasse des audiences ), Théodore sort de sa vie dès le lendemain sans regret. Ce coup de théâtre est resté assez inexpliqué dans la série. Sous des dehors naïfs, serait-il cynique? Théodore est-il un séducteur?
FLG: non, non, théodore n'est pas un cynique. séducteur ? non plus. séduisant, peut-être. quand théodore prend ses distances avec chouchou, c'est qu'il pense avoir fait un beau rêve, une nuit, un rêve inaccessible, auquel il pense peut-être ne pas avoir droit. c'est vrai que leur séparation sans heurt n'est pas expliquée dans l'histoire, mais à mes yeux, chouchou et lui ont joué comme des enfants, cette nuit-là, en bâtissant leur future maison et leur avenir, sans se soucier d'aucun obstacle. de la même façon qu'ils ont échafaudé cet amour d'un coup, ils l'ont regardé se déliter sans réagir. avec la conséquence que l'on sait : chouchou épousera bientôt andré clacquin, le meilleur ami de théodore, sans le savoir. et puis, à cette époque, je n'étais pas encore prêt à faire vivre à théodore une véritable aventure amoureuse, ce que j'ai fait dans "les jalousies". quand "la terrasse des audiences" est parue, j'avais été surpris par le nombre d'articles mettant l'accent sur l'histoire d'amour, et il m'a semblé que je pouvais aller plus loin dans cette direction.
17/De même quand elle vient le retrouver sur son île et le séduit, puis qu'il est révélé qu'elle est mariée il semble renoncer à cette passion sans lutter. Est-ce parce qu'il accorde plus d'importance à l'amitié qu'à l'amour? Ou bien est-il conditionné par les codes masculins de son temps?
FLG: non, théodore échappe aux codes en vigueur à l'époque. s'il refuse de lutter, c'est qu'il l'a bien compris, éléonore, l'autre partie de chouchou, ne lui appartient pas. car c'est la particularité de ce personnage féminin, cette dualité qui fait d'elle l'amoureuse de théodore, bravant tout pour retrouver l'homme qu'elle aime sur une île, loin de tout, et celle qui vit place des vosges et ne pourrait pas vivre sans ses toilettes, ses bijoux et ses parties de thé... enfin, c'est à son ami d'enfance clacquin que cette femme est mariée. il ne souhaite donc pas lutter, convaincu par clacquin que chouchou est la plus infime part d'éléonore. nous voilà encore dans le beau rêve qui s'écroule, en somme. il ne privilégie pas l'amitié à l'amour, tout ça ferait un peu trop macho, mais il est sans doute convaincu de ne pas avoir droit au bonheur, quant à lui, tandis que celui de clacquin lui est sacré. mais théodore et chouchou se retrouveront plus tard, leur histoire n'est pas terminée. seulement, comme dans tout récit qui se respecte, leur relation est une longue valse-hésitation censée agacer le lecteur — si le récit fonctionne. "ces deux-là vont-ils finir par se mettre ensemble, à la fin ?!"
je ne répondrai pas à ça.
18/Théodore est un des rares personnages de BD qui évolue dans le temps à chaque aventure, au contraire d'un Tintin ou d'un Astérix qui ont toujours le même âge d'album en album. Imagines-tu parfois raconter un Théodore Poussin rangé, avec une vie de famille? Ou restera-t-il un éternel voyageur?
FLG: oui, il a l'avantage de vieillir. c'est un principe que je tiens de prince vaillant, un autre de mes amours de jeunesse. ça me permet de le faire évoluer avec moi. honnêtement, le jeune homme de capitaine steene et moi n'aurions pu envisager "les jalousies", à l'époque. mais on ne le verra pas au coin du feu fumer sa pipe en caressant son fox-terrier, tandis que chouchou préparera un gratin de chou-fleur, non... "les jalousies" resteront le maximum de l'embourgeoisement selon théodore. là aussi, la vie m'a appris que rien n'est jamais acquis, qu'on peut tout perdre du jour au lendemain. théodore peut très bien se retrouver un jour dans la même situation qu'à l'époque du mangeur d'archipels. c'est d'ailleurs ce qui lui arrive au début de "cocos nucifera island".
19/Beaucoup de séries se voient maintenant doublées d'une version " jeunesse " du personnage ( Jeunesse de Blueberry, Nävis, Petit Spirou… ). Verrais-tu d'un bon œil une déclinaison " jeunesse " de Théodore?
FLG: ma foi, je l'ai fait avec "la vallée des roses". en même temps que tome songeait au petit spirou, d'ailleurs. philippe tome m'en avait même parlé. il souhaitait savoir comment j'envisageais, comment j'abordais l'enfance de mon personnage, car lui n'avait aucun bon souvenir de jeunesse et se demandait comment s'arranger avec ça. ce qui est drôle, c'est qu'un journaliste peu scrupuleux m'avait accusé de raconter la jeunesse de mon héros, "comme le petit spirou", avait-il cité en exemple, ainsi que blueberry... le problème, c'est que j'avais déjà imaginé "la vallée des roses" en 83/84, dès la création de la série.
20/Après avoir longtemps été opposé à une reprise d'Astérix, Albert Uderzo a donné son accord. De même Franquin avait de son vivant cédé le personnage du Marsupilami. Imagines-tu un jour faire de même?
FLG: non, personne ne dessinera théodore après moi. ça ne se justifie pas sur le plan commercial, déjà, et ça ne se peut tout simplement pas sur le plan artistique. moi seul peut écrire et dessiner théodore poussin, je le dis sans prétention aucune, comme je dirais "moi seul ai cette figure-là ou ces empreintes digitales". je vais vous donner un exemple : quand nous travaillions ensemble sur le scénario de "marie vérité", avec yann, il n'arrivait pas à "manipuler" ou à faire parler théodore. il devait constamment me demander comment il réagissait, dans la situation que nous élaborions, ce qu'il répondait à tel ou tel propos. je trouvais toujours la réponse sans réfléchir, parce que je lui ai toujours fait faire ce que j'aurais fait, moi. voilà pourquoi personne ne pourrait reprendre théodore et le faire bien. il n'y a pas plus de recette là que dans mes empreintes.
21/As-tu pris des dispositions pour que le personnage de Théodore continue à vivre après toi ou es-tu hostile à cette idée?
FLG: je suis un optimiste indécrottable ; je n'ai pris aucune disposition. au cas où... j'espère que cette interview pourrait faire office de disposition !
22/Tu as évoqué en peinture " La cantina ", " roman à paraître un jour ". Peux-tu nous dire où en est ce projet?
FLG: " la cantina " se promène depuis bientôt trois mois chez quelques éditeurs. un seul m'a répondu pour l'instant, négativement — tout en me faisant des compliments détaillés sur le livre. j'en suis là. je voudrais entamer un deuxième roman, et je prends des notes depuis quelques mois, mais j'attends de connaître le sort de " la cantina " pour m'y mettre sérieusement.
23/Après de nombreux strips et pages de gags dans Spirou, voilà plusieurs années que tu ne t'es plus beaucoup exprimé en BD dans le registre de l'humour. Pourtant c'est un domaine qui t'allait particulièrement bien? Peut-on espérer retrouver le Frank Le Gall humoriste bientôt?
FLG: je ne suis pas certain que le domaine de l'humour écrit m'aille si bien que ça. tout le monde s'accorde à me prêter de l'humour dans la vie, mais nettement moins dans mes essais humoristiques... donc, est-ce vraiment une grande perte pour l'humour ? je ne crois pas...
24/Tu as un projet de conte avec Michel Plessix, dont tu as bien voulu partager deux pages d'essai avec nous, " Là où vont les fourmis ". Comment se passe votre collaboration et quand ce récit doit-il paraître?
FLG: michel plessix avance à un train d'enfer, et voilà un scoop que même ses amis les plus intimes ne voudront pas croire ! à ce train-là, l'album pourrait bien sortir au début de l'année prochaine. nous n'avons pas encore discuté de date, avec casterman. michel a abattu un peu plus de 20 planches sur 62, il est trop tôt pour définir une date de parution.
quant à notre collaboration, elle ne pourrait pas mieux se passer. michel est un de ces dessinateurs qui savent rendre service au scénario, le mettre en valeur. et, dans nos rapports, c'est quelqu'un de calme et courtois, tout ce que j'aime.
25/Tu as annoncé avoir commencé à élaborer le récit de ta vie par écrit [dans " L'Indispensable "…]. As-tu continué?
Penses-tu publier un jour prochain tes mémoires?
FLG: ah ! j'avais oublié avoir parlé de ça ! en fait, non, j'ai abandonné ces mémoires. je n'arrive décidément pas à me raconter aussi abruptement, aussi directement. je le fais beaucoup mieux à travers théodore, et la peinture, et l'écriture, et la musique...
il est là, finalement, le récit de ma vie. je l'ai commencé avec la première planche de "capitaine steene", et il se terminera le plus tard possible — mais ça ne dépend pas entièrement de moi.
Entretien réalisé par e-mails le 22 mai 2015 par l'équipe de FLG BD.
Tous nos remerciements à Frank Le Gall.
© FLG BD et Frank Le Gall
FRANK LE GALL: je ne devais pas être un gamin bien ordinaire : à l'âge où j'aurais dû lire spirou, pif ou tintin, je leur préférais ACTUEL, où j'ai découvert robert crumb et gilbert shelton, ou ZINC, une revue underground où publiaient nicoulaud, masse, soulas ou poussin (aucun rapport, non). puis j'ai rencontré olivier vatine au lycée, et lui m'a initié au reste de la bande dessinée américaine, neal adams, frazetta... j'avais de toute façon, étant enfant, une fascination pour l'amérique et, sans le savoir, j'en étais nourri, puisque tous mes livres d'enfant étaient des petits livres d'or, des republications des little golden books. là, mon goût s'est formé en regardant les images de richard scarry, garth williams et d'autres moins célèbres, illustrateurs que j'aime toujours autant, au grand désespoir d'eve [Tharlet, sa compagne ], qui, en tant qu'illustratrice, considère que je me borne à des choses américaines antédiluviennes, dépassées...
2/A la sortie des " Petits contes noirs " tu cites les influences de Caran d'Ache, Arthur Rackham ou George Herriman. Une grande partie des lecteurs ( et même des auteurs contemporains! ) ne connaissent de Caran d'Ache qu'une marque de cahiers écoliers. Comment as-tu acquis cette culture graphique d'un autre siècle?
FLG: je crois qu'il suffit d'ouvrir l'œil, et le bon. autant que je m'en souvienne, j'ai trouvé le livre de caran d'ache qui m'a inspiré, publié aux éditions de l'agora, dans une solderie ! on trouve d'ailleurs beaucoup de choses passionnantes, dans ces boutiques on on tente de se débarrasse de ces rebuts de la culture à bas prix. c'est là aussi que j'ai fait la découverte de l'affichiste jacno, de tomi ungerer en dehors de ses livres pour enfants, du peintre français james tissot ou, en musique, de l'orchestre des dorsey brothers, et du coup tout un style de musique qui n'allait plus jamais me lâcher. pour rackham, c'était simple, il était publié au chêne, dans la même collection que frazetta. quant à herriman, il existait dans les années 70 d'excellentes revues de bandes dessinées qui publiaient de vieilles bandes américaines, encore, comme krazy kat ou alley oop.
3/Quelles autres œuvres ont marqué ton imagination, quand tu étais enfant ou adolescent?
FLG: à part les fameux petits livres d'or, je dévorais les romans d'alice détective dans la bibliothèque verte. je lui voue toujours la même admiration, même si j'ai appris depuis qu'elle s'appelle en réalité nancy drew, et non alice roy, que son auteur ne s'appelait pas caroline quine, mais carolyn keene, laquelle n'était autre qu'un consortium d'auteurs, pour la plupart mâles, des années 30. Les illustrations françaises d'albert chazelle avaient fait de la nancy gamine des années 30 et 40 une pimpante jeune femme des années 60. c'est à cause d'elle que ma fille s'appelle alice. et c'est devenu une blague entre nous : quand j'ai appris qu'alice roy s'appelait nancy, j'ai appris à ma fille, l'air contrit et navré, que je devrais désormais l'appeler nancy. inutile de préciser qu'elle ne goûtait pas plus que ça le prénom nancy. et, de temps en temps, quand je veux la faire enrager, je l'appelle nancy.
en dehors d'alice détective, je lisais à peu près tout ce qui me tombait sous la main. j'ai été marqué par "l'île au trésor", évidemment. plus tard, adolescent, j'ai adoré jack london (pas ses romans d'aventure pour enfants ; les autres), john steinbeck, hemingway...
4/Quand tu avais l'âge de Théodore dans " La Vallée des Roses " que rêvais-tu de devenir plus tard?
FLG: l'auteur de " la vallée des roses "... non, plus sérieusement, je voulais devenir auteur de bandes dessinées. l'idée s'est imposée à moi tandis que je lisais " vol 714 pour sidney ", fraîchement paru.
plus tard, au collège, un orientateur, en étudiant ma demande, m'a proposé un CAP d'imprimeur. j'étais vexé, humilié, et je me sentais si incompris que, les années suivantes, j'ai indiqué " conducteur de locomotives " sous la rubrique " quel métier voudriez-vous exercer ? ". aucun professeur ne me prenait au sérieux, bien sûr, tous savaient que je ne rêvais que d'écrire et de dessiner.
5/Ton père était architecte, as-tu envisagé à un moment de suivre ses traces?
FLG: jamais. mais j'ai fait un essai d'une journée dans son cabinet, à seize ans. l'idée était de m'enlever de ce lycée où je fichais pas mal le bazar. la journée d'essai a été assez peu concluante pour que mon père abandonne l'idée et me laisse retourner au lycée retrouver les filles. c'était, à mon sens, le seul intérêt du lycée, les filles.
6/Es-tu encore aujourd'hui lecteur de BD? Ou bien est-ce devenu décevant, depuis que tu sais comment la création d'un album fonctionne " de l'intérieur "? ( et si tu en lis, que préfères-tu? Classiques ou albums actuels? ).
FLG: non, évidemment, je ne suis plus un lecteur de bandes dessinées, pas tant parce que je connais la création de l'intérieur que parce que je ne trouve pas mon compte dans le travail des autres. c'est idiot à dire, et ça paraîtra sûrement prétentieux, mais théodore poussin est la seule bande dessinée qui s'approche de mon idéal. mais je lis des bandes dessinées, essentiellement de vieilles bandes américaines. je suis plongé depuis deux ans dans l'intégrale de little orphan annie, une œuvre majestueuse et brillante. je ne vois pas, dans la production actuelle, ce qui pourrait se targuer de rivaliser avec cette œuvre d'un autre temps. un peu comme si on cherchait un équivalent à charles chaplin. harold gray, l'auteur d'annie, était un grand admirateur de dickens, tout comme moi, et était convaincu d'avoir une mission, celle d'instruire et de donner à ses lecteurs des valeurs morales — pas franchement socialistes, à l'inverse de dickens, mais d'un bon sens très américain, hérité de l'esprit des pionniers. une philosophie du genre "aide-toi, le ciel t'aidera". et graphiquement, je suis en perpétuelle admiration devant son travail. cet homme abattait un strip noir et blanc très travaillé tous les jours, et une page en couleurs tous les dimanches. et il a fait ça pendant plus de quarante ans ! je devrais en prendre de la graine, non ? on retrouve aussi dans son dessin quantité de choses qui, selon moi, ont influencé robert crumb.
7/Es-tu lecteur de comics ou de manga?
FLG: manga, pas du tout. j'ai essayé de lire ceux de mes enfants, mais ça m'est tombé des mains, désolé. quant aux comics, j'ai acheté en leur temps quelques numéros de strange ou marvel pour des gens comme jack kirby. mais les scénarios m'ont toujours paru très hamburgers, vite mâchés, vite digérés, et vite, euh, expédiés.
8/Tes albums - plus particulièrement les plus récents - ont souvent une qualité cinématographique. Regardes-tu des films d'animation? ( Lesquels? )
FLG: j'ai une passion véritable pour walt disney, l'homme et son œuvre. l'homme est très mal connu et est encore victime aujourd'hui d'une solide sale réputation, quand on ne le confond pas carrément avec les money makers qui dirigent la maison disney aujourd'hui. c'était un visionnaire, un type imaginatif, brillant et audacieux. à part lui, je regarde et j'aime beaucoup de choses, chez pixar, chez dreamworks... je tiens "dragons" pour un chef-d'œuvre.
mais je suis cinéphile tout court. demandez un peu à eve, c'est elle la bricoleuse, ici, et c'est elle qui doit sans cesse bâtir de nouvelles étagères et trouver d'ingénieuses idées de rangement (ne comptez pas sur moi) pour ranger tous les DVDs que j'achète. je ne vais pas au cinéma, parce que les mangeurs de popcorn, les complexes multi-salles, le son dolby à fond dans les esgourdes, l'obligation d'en passer par des productions gaumont et universal, tout ça m'a dégoûté des salles obscures. un vrai bon film tient très bien la route sur un simple écran de télé, sans le son surround, de la même façon que mozart, même sur un teppaz, reste mozart.
mais il me serait impossible de dire ici quels sont mes goûts, tant ils vont de tout à tout, d'orson welles et fritz lang à jerry lewis en passant par woody allen, bergman, les marx bros, rené clair, jean renoir, aussi bien que nolan ou spielberg. j'aime beaucoup les films de peter jackson avant le seigneur des anneaux (je suis insensible à tolkien et aux histoires d'elfes, de trolls et autres guerriers aux noms à coucher dehors). je suis très amateur de films d'horreur, aussi.
le cinéma a bien entendu considérablement influencé ma façon de découper les scènes et de les dessiner. mais le théâtre aussi, dans mes dialogues...
9/Aimerais-tu voir un jour tes personnages prendre vie en animation? En film réaliste? En jeux vidéos? Si oui lesquels en priorité et pourquoi?
FLG: qui n'en rêverait pas ? j'ai toujours imaginé théodore poussin en prises de vues réelles (avec robert de niro dans le rôle titre) (mais non)... chez dupuis, le réalisateur-maison suggérait tous les ans de faire un "spécial", un film d'animation de 50 minutes, de théodore, mais l'idée n'a jamais été retenue. dommage.
ensuite, en jeu vidéo, euh... ou alors comme les sims, ce serait amusant de voir théodore en slip draguer sa voisine. non, à la réflexion, je ne crois pas que j'aimerais ça.
le pourquoi du film réel, plutôt qu'un dessin animé, c'est qu'il m'a toujours paru que théodore était une série adulte dans son propos, et le voir en chair et en os, dans de vrais paysages, me toucherait plus qu'une imitation plus ou moins bonne de mes dessins pour la télévision, le dessin animé, actuellement, étant ce qu'il est.
10/Si tu n'étais pas Frank Le Gall, qui aurais-tu aimé être?
FLG: haha ! je crois que woody allen avait répondu "n'importe qui d'autre"... en fait, je ne me suis jamais posé la question, tant l'idée de ne plus être moi m'effraie, même si c'est pour être quelqu'un de plus affûté que je ne le suis... ça doit paraître monstrueusement prétentieux, ça aussi, mais je suis bien content d'être moi. disons que j'y suis bien habitué, et ça me fera sûrement quelque chose quand je devrai me quitter un jour.
quand j'étais bien jeune, cependant, je dois admettre que j'aurais aimé être un beatle. mais je me dis aujourd'hui, d'une certaine manière, j'en suis devenu un. sans eux, je ne serais sûrement pas devenu l'homme que je suis.
j'admire sincèrement, profondément, gandhi, j'admire disney, chaplin, picasso, maccartney, monet, mais aurais-je voulu vivre leur vie ? je ne crois pas. et encore moins celles de cocteau, de zweig, de debussy ou de cézanne, par exemple, dont j'admire les œuvres.
mais je peux plus facilement citer LA personne que je n'aurais pas aimé être : le père d'adolf hitler.
11/As-tu la foi? Pratiques-tu/as-tu pratiqué une religion? Est-ce une influence dans ta vie et ton travail?
FLG: non, je n'ai pas la foi, étant donné que j'ai été élevé dans le catholicisme (école de frères, catéchisme, communion...), qui reste le meilleur vaccin connu à ce jour contre la foi. je ne suis guère mystique, mais je suis sensible à la spiritualité, qui ne me semble pas incompatible avec l'absence de foi. étant jeune, quand j'ai découvert gandhi, et à l'imitation de george harrison et des autres beatles, je me suis beaucoup intéressé à la pensée indienne. je lisais la bhagavad gita, j'essayais de méditer... il m'en reste le goût des philosophies indiennes et la musique. aujourd'hui, je reste touché par les œuvres de caractère spirituel, comme celles que poulenc ou stravinsky ont pu écrire sur le tard, pour stravinsky, et en cours de route, pour poulenc.
même maccartney a composé une œuvre extrêmement touchante et profonde, ecce cor meum, qu'il a achevée après la mort de sa femme. je crois que de tels passages de sa vie peuvent amener un être humain à porter plus haut ses pensées ; peuvent et doivent, à mon avis.
c'est une influence dans ma vie, évidemment, dans la mesure où je déteste tout ce qui est sordidement matérialiste et terre-à-terre. et je suppose que ça peut transparaître dans mon travail, même si je ne l'insuffle pas volontairement. à vous de me le dire...
12/Ton roman graphique Miss Annie évoque la réincarnation. Sous quelle forme aimerais-tu revenir dans une prochaine vie si tu avais le choix?
FLG: sous la forme d'un être humain, pour réessayer et mieux faire — ça reste le principe indien des avatars. je comprends mal qu'on veuille revenir sous la forme d'un wombat ou d'un escargot de mer. et puis, il me semble que l'expérience de la vie humaine est la chose la plus extraordinaire qui soit.
13/Le voyage, qu'il soit réel ou intérieur est très présent dans ton œuvre. Avais-tu déjà beaucoup voyagé quand tu as créé Théodore Poussin? Et depuis?
FLG: je voyageais très peu, étant jeune. j'ai passé ma jeunesse à dessiner et écrire. mais le côté auteur fait que la moindre excursion à honfleur peut se transformer en épopée, quand elle rejaillit sous la plume. plus tard, j'aurais pu voyager pour de bon, mais ma longue vie d'homme penché, pour reprendre encore l'expression de morris, m'a rendu phobique, peu enclin aux déplacements, et à peu près malade dans tous les moyens de transport. mais je vous rassure : une fois que j'ai surmonté tout ça, je suis toujours très heureux d'être ailleurs, de découvrir des visages et des paysages inconnus de moi. ces denrières années, grâce à eve, j'ai pu voir new york, berlin, vienne, revoir londres... j'aime surtout les villes, en fait. pour ma défense, il faut penser, comme moi, que j'ai transmis tous les gènes du voyageur à mon fils robin, lequel a vécu à londres, à berlin, et voyagé un peu partout, jusqu'au fin fond de la norvège, là où il n'y a plus qu'une habitation tous les trois cents kilomètres, en exagérant un peu. personnellement, cette idée seule me fait peur. et je ne pourrais pas plus aller dans le désert ou en montagne que sur la lune — partout où ne peut plus écouter les beatles et lire little orphan annie, en fait.
14/On a beaucoup dit que Théodore, c'est toi, néanmoins, Théodore est plutôt un personnage contemplatif, un observateur, alors quel point commun entre sa personnalité et la tienne dans la mesure où tu es toi si créatif, si " acteur " et non spectateur, dans tant de disciplines?
FLG: oui, les gens qui me rencontrent jugent assez rapidement que je ressemble à théodore. je ne sais pas si c'est le cas pour mes intimes, qui doivent (je l'espère) me séparer nettement de mon personnage. je pense que nous avons en commun cette distanciation vis-à-vis des tourbillons de la vie, véhiculée par un humour qui n'est pas du tout la politesse du désespoir, mais l'expression d'une pudeur extrême.
hmm, j'ai aussi des lunettes rondes. mais j'ai davantage de cheveux que lui, et je vieillis aussi plus vite que lui.
15/Pourquoi les femmes dans la vie de Théodore Poussin sont-elles si fantasques, secrètes voire dissimulatrices? Vois-tu vraiment toutes les femmes comme ça?
Ou est-ce la nature crédule de Théodore qui les attire?
FLG: ouille. la voilà, la question piège ! euh... non, je ne vois pas toutes les femmes comme ça. "seulement celles que j'ai connues", ajouteraient peut-être woody allen ou groucho marx. tout ça est assez compliqué. il y a d'une part le travail de l'auteur, les impératifs romanesques qui nous poussent à la caricature. j'en appelle sans honte aucune à sacha guitry, qui n'était pas misogyne, dans la vie, comme tant d'auteurs. la misogynie a toujours été un "truc" d'auteur, un passage obligé. je pense à brassens, par exemple. cela dit, il m'est difficile d'exposer au grand jour ma vie personnelle, mon intimité. disons rapidement que la dissimulation et le mensonge sont deux choses qui me font horreur et que, pour mon malheur, j'ai été amené à croiser des femmes nanties de ces défauts-là...
théodore, pas plus que moi, n'est crédule. j'ai bien peur que, toujours comme moi, il soit juste romantique.
16/Après une nuit passée à échanger aveux et serments avec Chouchou ( La Terrasse des audiences ), Théodore sort de sa vie dès le lendemain sans regret. Ce coup de théâtre est resté assez inexpliqué dans la série. Sous des dehors naïfs, serait-il cynique? Théodore est-il un séducteur?
FLG: non, non, théodore n'est pas un cynique. séducteur ? non plus. séduisant, peut-être. quand théodore prend ses distances avec chouchou, c'est qu'il pense avoir fait un beau rêve, une nuit, un rêve inaccessible, auquel il pense peut-être ne pas avoir droit. c'est vrai que leur séparation sans heurt n'est pas expliquée dans l'histoire, mais à mes yeux, chouchou et lui ont joué comme des enfants, cette nuit-là, en bâtissant leur future maison et leur avenir, sans se soucier d'aucun obstacle. de la même façon qu'ils ont échafaudé cet amour d'un coup, ils l'ont regardé se déliter sans réagir. avec la conséquence que l'on sait : chouchou épousera bientôt andré clacquin, le meilleur ami de théodore, sans le savoir. et puis, à cette époque, je n'étais pas encore prêt à faire vivre à théodore une véritable aventure amoureuse, ce que j'ai fait dans "les jalousies". quand "la terrasse des audiences" est parue, j'avais été surpris par le nombre d'articles mettant l'accent sur l'histoire d'amour, et il m'a semblé que je pouvais aller plus loin dans cette direction.
17/De même quand elle vient le retrouver sur son île et le séduit, puis qu'il est révélé qu'elle est mariée il semble renoncer à cette passion sans lutter. Est-ce parce qu'il accorde plus d'importance à l'amitié qu'à l'amour? Ou bien est-il conditionné par les codes masculins de son temps?
FLG: non, théodore échappe aux codes en vigueur à l'époque. s'il refuse de lutter, c'est qu'il l'a bien compris, éléonore, l'autre partie de chouchou, ne lui appartient pas. car c'est la particularité de ce personnage féminin, cette dualité qui fait d'elle l'amoureuse de théodore, bravant tout pour retrouver l'homme qu'elle aime sur une île, loin de tout, et celle qui vit place des vosges et ne pourrait pas vivre sans ses toilettes, ses bijoux et ses parties de thé... enfin, c'est à son ami d'enfance clacquin que cette femme est mariée. il ne souhaite donc pas lutter, convaincu par clacquin que chouchou est la plus infime part d'éléonore. nous voilà encore dans le beau rêve qui s'écroule, en somme. il ne privilégie pas l'amitié à l'amour, tout ça ferait un peu trop macho, mais il est sans doute convaincu de ne pas avoir droit au bonheur, quant à lui, tandis que celui de clacquin lui est sacré. mais théodore et chouchou se retrouveront plus tard, leur histoire n'est pas terminée. seulement, comme dans tout récit qui se respecte, leur relation est une longue valse-hésitation censée agacer le lecteur — si le récit fonctionne. "ces deux-là vont-ils finir par se mettre ensemble, à la fin ?!"
je ne répondrai pas à ça.
18/Théodore est un des rares personnages de BD qui évolue dans le temps à chaque aventure, au contraire d'un Tintin ou d'un Astérix qui ont toujours le même âge d'album en album. Imagines-tu parfois raconter un Théodore Poussin rangé, avec une vie de famille? Ou restera-t-il un éternel voyageur?
FLG: oui, il a l'avantage de vieillir. c'est un principe que je tiens de prince vaillant, un autre de mes amours de jeunesse. ça me permet de le faire évoluer avec moi. honnêtement, le jeune homme de capitaine steene et moi n'aurions pu envisager "les jalousies", à l'époque. mais on ne le verra pas au coin du feu fumer sa pipe en caressant son fox-terrier, tandis que chouchou préparera un gratin de chou-fleur, non... "les jalousies" resteront le maximum de l'embourgeoisement selon théodore. là aussi, la vie m'a appris que rien n'est jamais acquis, qu'on peut tout perdre du jour au lendemain. théodore peut très bien se retrouver un jour dans la même situation qu'à l'époque du mangeur d'archipels. c'est d'ailleurs ce qui lui arrive au début de "cocos nucifera island".
19/Beaucoup de séries se voient maintenant doublées d'une version " jeunesse " du personnage ( Jeunesse de Blueberry, Nävis, Petit Spirou… ). Verrais-tu d'un bon œil une déclinaison " jeunesse " de Théodore?
FLG: ma foi, je l'ai fait avec "la vallée des roses". en même temps que tome songeait au petit spirou, d'ailleurs. philippe tome m'en avait même parlé. il souhaitait savoir comment j'envisageais, comment j'abordais l'enfance de mon personnage, car lui n'avait aucun bon souvenir de jeunesse et se demandait comment s'arranger avec ça. ce qui est drôle, c'est qu'un journaliste peu scrupuleux m'avait accusé de raconter la jeunesse de mon héros, "comme le petit spirou", avait-il cité en exemple, ainsi que blueberry... le problème, c'est que j'avais déjà imaginé "la vallée des roses" en 83/84, dès la création de la série.
20/Après avoir longtemps été opposé à une reprise d'Astérix, Albert Uderzo a donné son accord. De même Franquin avait de son vivant cédé le personnage du Marsupilami. Imagines-tu un jour faire de même?
FLG: non, personne ne dessinera théodore après moi. ça ne se justifie pas sur le plan commercial, déjà, et ça ne se peut tout simplement pas sur le plan artistique. moi seul peut écrire et dessiner théodore poussin, je le dis sans prétention aucune, comme je dirais "moi seul ai cette figure-là ou ces empreintes digitales". je vais vous donner un exemple : quand nous travaillions ensemble sur le scénario de "marie vérité", avec yann, il n'arrivait pas à "manipuler" ou à faire parler théodore. il devait constamment me demander comment il réagissait, dans la situation que nous élaborions, ce qu'il répondait à tel ou tel propos. je trouvais toujours la réponse sans réfléchir, parce que je lui ai toujours fait faire ce que j'aurais fait, moi. voilà pourquoi personne ne pourrait reprendre théodore et le faire bien. il n'y a pas plus de recette là que dans mes empreintes.
21/As-tu pris des dispositions pour que le personnage de Théodore continue à vivre après toi ou es-tu hostile à cette idée?
FLG: je suis un optimiste indécrottable ; je n'ai pris aucune disposition. au cas où... j'espère que cette interview pourrait faire office de disposition !
22/Tu as évoqué en peinture " La cantina ", " roman à paraître un jour ". Peux-tu nous dire où en est ce projet?
FLG: " la cantina " se promène depuis bientôt trois mois chez quelques éditeurs. un seul m'a répondu pour l'instant, négativement — tout en me faisant des compliments détaillés sur le livre. j'en suis là. je voudrais entamer un deuxième roman, et je prends des notes depuis quelques mois, mais j'attends de connaître le sort de " la cantina " pour m'y mettre sérieusement.
23/Après de nombreux strips et pages de gags dans Spirou, voilà plusieurs années que tu ne t'es plus beaucoup exprimé en BD dans le registre de l'humour. Pourtant c'est un domaine qui t'allait particulièrement bien? Peut-on espérer retrouver le Frank Le Gall humoriste bientôt?
FLG: je ne suis pas certain que le domaine de l'humour écrit m'aille si bien que ça. tout le monde s'accorde à me prêter de l'humour dans la vie, mais nettement moins dans mes essais humoristiques... donc, est-ce vraiment une grande perte pour l'humour ? je ne crois pas...
24/Tu as un projet de conte avec Michel Plessix, dont tu as bien voulu partager deux pages d'essai avec nous, " Là où vont les fourmis ". Comment se passe votre collaboration et quand ce récit doit-il paraître?
FLG: michel plessix avance à un train d'enfer, et voilà un scoop que même ses amis les plus intimes ne voudront pas croire ! à ce train-là, l'album pourrait bien sortir au début de l'année prochaine. nous n'avons pas encore discuté de date, avec casterman. michel a abattu un peu plus de 20 planches sur 62, il est trop tôt pour définir une date de parution.
quant à notre collaboration, elle ne pourrait pas mieux se passer. michel est un de ces dessinateurs qui savent rendre service au scénario, le mettre en valeur. et, dans nos rapports, c'est quelqu'un de calme et courtois, tout ce que j'aime.
25/Tu as annoncé avoir commencé à élaborer le récit de ta vie par écrit [dans " L'Indispensable "…]. As-tu continué?
Penses-tu publier un jour prochain tes mémoires?
FLG: ah ! j'avais oublié avoir parlé de ça ! en fait, non, j'ai abandonné ces mémoires. je n'arrive décidément pas à me raconter aussi abruptement, aussi directement. je le fais beaucoup mieux à travers théodore, et la peinture, et l'écriture, et la musique...
il est là, finalement, le récit de ma vie. je l'ai commencé avec la première planche de "capitaine steene", et il se terminera le plus tard possible — mais ça ne dépend pas entièrement de moi.
Entretien réalisé par e-mails le 22 mai 2015 par l'équipe de FLG BD.
Tous nos remerciements à Frank Le Gall.
© FLG BD et Frank Le Gall
Spirou n°4039
Dans ce numéro de Spirou du 09/09/15 consacré à la disparition du dessinateur de la série Passe moi 'ciel, Stuf, son confrère Frank Le Gall lui rend un hommage amical.
Spirou n°4049
Spirou n°4078
La rubrique " Réédition de la semaine " du numéro 4078 de Spirou est dévolue à Théodore Poussin et aux grandes rééditions de la série, réparties sur 2016 et 2017 ainsi qu'aux " Cahiers " consacrés à la parution progressive du Tome 13, " Le dernier voyage de l'Amok " accompagné de bonus et de commentaires.
Dans le même numéro 4078, un dessin hommage de Frank Le Gall au monde animalier de René Hausman.
Tonnerre de Bulles n°15
Spirou N°4157
Ce numéro 4157 Spécial Noël du 13 décembre 2017 signale le retour très attendu de " Théodore Poussin " dans les pages du " Spirou ". Avec une très belle couverture de circonstance et une interview de Frank Le Gall pour accompagner la prépublication des 16 premières pages du " Dernier voyage de l'Amok " la treizième aventure en mer de " Théodore Poussin "...
Le Point - 8 avril 2018
Dans l'édition électronique du magazine " Le Point " rubrique " Culture" du 8 avril 2018, lors d'un entretien avec l'A.F.P., Frank Le Gall revient sur l'historique de sa série " Théodore Poussin " et ses inspirations pour la création du tome 13 " Le dernier voyage de l'Amok ".
Spirou n°4179
Spirou du 16 mai 2018 consacre un article rédactionnel à la " Soirée de l'Epicier " dédiée à Frank Le Gall.
Le Siffleur - Juillet 2020
Interview de Sébastien GNAEDIG des éditions FUTUROPOLIS au sujet de la génération d'auteurs BD incluant Frank Le Gall, par Ralph DOUMIT.
Cliquer l'extrait de texte ci-dessous pour lire tout le reste de l'interview sur le site lesiffleur.org ...
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https://lesiffleur.org/2020/06/26/interview-de-sebastien-gnaedig-une-generation-a-redecouvrir/
Spirou N°4380/4381- mars 2022 - Spécial 100 ans Dupuis
Pour marquer le centenaire des editions Dupuis, le journal Spirou publie un numéro double spécial 100 ans avec une particularité: plusieurs auteurs habitués du journal rendent hommage dans leur propre style à une autre série phare du catalogue Dupuis. Une idée intéressante qui donne parfois des résultats surprenants!
C'est ainsi que " Théodore Poussin " se retrouve croqué par Pierre Bailly ( " Petit Poilu " ). Frank Le Gall a découvert ce point de vue original sur sa série en même temps que les lecteurs et voici sa réaction à chaud:
" J'ai donc eu la surprise de découvrir cet hommage à théodore en recevant le journal par la poste, comme toutes les semaines ( je suis abonné à vie ). En le feuilletant, j'étais d'ailleurs convaincu qu'il n'y aurait rien sur Théodore, et, surprise ! Non seulement un hommage, mais par mon vieux copain Pierre Bailly ( qui dessine "le petit poilu", pour les tout petits ). Je ne pouvais pas rêver mieux ! j'ai connu Pierre Bailly, alors débutant, dans les années 90, quand j'habitais à paris. Il est Belge, mais Paris est un endroit où tout le monde a à se rendre à un moment ou à un autre — dans notre métier en tout cas. Pierre venait à la maison, et j'adorais ce type pour sa gentillesse réelle, sa modestie, sa simplicité et, en même temps, ce don qu'il a toujours eu de me faire rire en ne faisant rien, ou presque.
Puis, j'ai quitté paris, en 2001, et nous n'avons plus eu l'occasion de nous voir, Pierre et moi.
Mais un copain reste toujours un copain, sauf avis contraire.
Par conséquent, je suis ravi que ce soit lui qui m'ait rendu cet hommage — ou qui l'ait rendu à Théodore, plus exactement. "
C'est ainsi que " Théodore Poussin " se retrouve croqué par Pierre Bailly ( " Petit Poilu " ). Frank Le Gall a découvert ce point de vue original sur sa série en même temps que les lecteurs et voici sa réaction à chaud:
" J'ai donc eu la surprise de découvrir cet hommage à théodore en recevant le journal par la poste, comme toutes les semaines ( je suis abonné à vie ). En le feuilletant, j'étais d'ailleurs convaincu qu'il n'y aurait rien sur Théodore, et, surprise ! Non seulement un hommage, mais par mon vieux copain Pierre Bailly ( qui dessine "le petit poilu", pour les tout petits ). Je ne pouvais pas rêver mieux ! j'ai connu Pierre Bailly, alors débutant, dans les années 90, quand j'habitais à paris. Il est Belge, mais Paris est un endroit où tout le monde a à se rendre à un moment ou à un autre — dans notre métier en tout cas. Pierre venait à la maison, et j'adorais ce type pour sa gentillesse réelle, sa modestie, sa simplicité et, en même temps, ce don qu'il a toujours eu de me faire rire en ne faisant rien, ou presque.
Puis, j'ai quitté paris, en 2001, et nous n'avons plus eu l'occasion de nous voir, Pierre et moi.
Mais un copain reste toujours un copain, sauf avis contraire.
Par conséquent, je suis ravi que ce soit lui qui m'ait rendu cet hommage — ou qui l'ait rendu à Théodore, plus exactement. "
Méga Spirou hors série Centenaire 4 - décembre 2022
Ce recueil hors série célébrant le centenaire de Dupuis paru en décembre 2022 contient " La Vallée des Roses ".
Calendrier Spirou 2023 - hommage à Théodore Poussin
Clin d'œil confraternel à Théodore Poussin par Saurel et La Provôté dans le calendrier Spirou.