La bande dessinée étant une véritable institution en Belgique, il était logique qu'un jour on crée un prix, en marge du prix littéraire prestigieux, qui consacre un auteur ou une oeuvre du monde de la bande dessinée. C'est à présent chose faite.
Initialement baptisé " Diagonale ", ce prix de BD a été renommé en 2018 sous l'impulsion de Bernard Hislaire " Grand prix de l'académie Victor Rossel".
Notre cher " Théodore Poussin " étant un fleuron de la BD franco-belge il était logique aussi qu'on pense à son créateur quand il s'agit de promouvoir et couronner une bande dessinée de qualité!
Nous n'avons pas eu la chance d'assister à cette belle consécration, le 7 mai dernier, mais Frank Le Gall consulté entre deux projets, nous en dit rapidement un peu plus sur la remise de ce premier Grand Prix qui récompense l'ensemble de son oeuvre:
" J'en suis donc le premier lauréat. Elu pour partie par le public et pour partie par les professionnels ayant reçu le prix diagonale — Hermann, Dany, Walthéry, etc.
( ... )
A partir de 20h, toute la soirée m'était consacrée — soirée dont je ne savais rien du tout, et dont on s'était soigneusement gardé de me dire quoi que ce soit. J'avais un peu peur, j'avoue... et à tort : j'ai passé la soirée la plus émouvante de ma carrière d'auteur !
Ça se passait dans une magnifique ferme-théâtre de Louvain, à un jet de pierre du musée Hergé, et la soirée avait été conçue par une troupe formidable de jeunes comédiens et comédiennes un peu fous. tout, sur la scène, était axé sur théodore poussin : voiles de jonques, décors chinois, personnages costumés en chinois, en marins ( mais aussi un centurion romain qui dirigeait la soirée! ).
( ... )
Puis vint mon tour ! j'avais juste pu parler un peu au téléphone avec le comédien en chef du bazar qui m'avait proposé de jouer et chanter une petite chanson si je le souhaitais, et j'avais accepté ( j'étais donc parti pour Louvain avec ma précieuse guitare à l'épaule ).
( ... )
Je suis monté ensuite sur scène. rien n'était préparé, donc, et tout ça a été joyeusement décousu. J'y ai fait la connaissance du vrai Théodore Poussin, un jeune comédien habillé comme Théodore au début du mangeur d'archipels ( chapeau feutre, chemise et cravate, veste sur l'épaule ), et j'en ai été estomaqué. Quelle drôle d'impression, de se retrouver ainsi face à sa création !
( ... )
Puis, après quelques pitreries ( de ma part aussi ), on m'a amené la guitare et j'ai conclu la soirée avec, en guise de discours, le refrain de cheek to cheek ( d'Irving Berlin, pour le film de 1935 "Top hat", avec Fred Astaire et Ginger rogers ) : " heaven, i'm in heaven, and my heart beats so that i can hardly speak / and i seem to find a happiness i seek, when we're out together dancing cheek to cheek " . l'effet escompté a bien eu lieu : ce petit moment un peu fragile a été bien émouvant... "